Tout savoir sur la théorie keynésienne : en quoi consiste-t-elle ? quelles sont ses applications ? est-ce qu'elle est toujours valable aujourd'hui ?

Souvent considérée comme étant en opposition àl’économie de marché, la théorie keynésienne représente un courant économique développé dans les années 1930 par John Maynard Keynes soutenant que l’intervention active de l’État est nécessaire pour stimuler la croissance économique et éviter les chocs économiques, tels que les récessions et les dépressions. Dans cet article, nous allons répondre à différentes questions concernant ce courant, comme en quoi cette théorie consiste-t-elle et quelles sont ses principales idées, comment explique-t-elle les récessions et les dépressions économiques, ou encore quels sont les utilisés pour stimuler la croissance économique et éviter les chocs économiques.

La théorie keynésienne, de quoi s’agit-il ?
Les différentes questions concernant la théorie keynésienne

En quoi consiste la théorie keynésienne et quelles sont ses principales idées ?

La théorie keynésienne a été développée par l’économiste britannique John Maynard Keynes dans les années 1930. Il a publié son ouvrage le plus connu, « La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » en 1936. Dans cet ouvrage, il argumente que les marchés ne sont pas toujours efficaces et peuvent entraîner des crises économiques, telles que des récessions et des dépressions, qui peuvent être résolues par une intervention active de l’État. Il a proposé des politiques macroéconomiques pour stimuler la demande globale et éviter les chocs économiques.

Cette théorie a eu un impact majeur sur la politique économique et la pensée économique de l’époque. Elle a été largement adoptée par les gouvernements et les banques centrales pour gérer les crises économiques, comme la Grande Dépression des années 1930. Les politiques keynésiennes ont été mises en œuvre dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis avec le New Deal de Franklin D. Roosevelt. Au cours des années 1950 et 1960, la théorie keynésienne a été largement acceptée par les économistes et les gouvernements. Cependant, à partir des années 1970, de nouvelles théories économiques, comme la théorie de la « croissance endogène » et la théorie monétariste, ont remis en question certaines des idées clés de la théorie keynésienne.

Globalement, la théorie keynésienne propose une approche macroéconomique pour comprendre les fluctuations économiques et les crises économiques telles que les récessions et les dépressions, et prône ainsi l’intervention active de l’État pour stimuler la croissance économique et éviter les chocs économiques. Ses principales idées sont les suivantes :

La demande globale est le moteur de l’économie

Selon la théorie keynésienne, la demande globale est le principal facteur qui détermine la croissance économique. Si celle-ci est faible, les entreprises réduisent leur production et les chômeurs augmentent, entraînant une récession. Pour stimuler la croissance économique, il faut donc augmenter cette demande.

L’inflation et le chômage peuvent être simultanés

Contrairement à la théorie économique classique qui soutient que l’inflation et le chômage sont inversement proportionnels, la théorie keynésienne soutient qu’ils peuvent être simultanés dans certaines situations économiques.

C’est ce qu’on appelle le phénomène de la « trappe à chômage ».

Les dépenses publiques et les politiques monétaires sont des outils importants pour stimuler la croissance économique La théorie keynésienne soutient que les dépenses publiques et les politiques monétaires peuvent être utilisées pour augmenter la demande globale et stimuler la croissance économique. Les dépenses publiques peuvent être augmentées en augmentant les dépenses de consommation ou en augmentant les investissements publics, tandis que les politiques monétaires peuvent être utilisées pour influencer l’offre et la demande de crédit.

Théorie keynésienne et économie de marché

La théorie keynésienne est souvent considérée comme étant en opposition à l’économie de marché classique, qui soutient que les marchés sont autorégulés et que l’intervention de l’État est inutile ou nuisible.

Selon la théorie keynésienne, les marchés ne sont pas toujours efficaces et peuvent entraîner des crises économiques, comme des récessions et des dépressions, qui peuvent être résolues par une intervention active de l’État. Ce dernier doit utiliser des politiques macroéconomiques pour stimuler la demande globale et éviter les chocs économiques.

À contrario, l’économie de marché classique soutient que les marchés sont autorégulés et que l’intervention de l’État est inutile ou nuisible. Les économistes de marché classique croient que laisser les entreprises et les consommateurs agir librement est la meilleure façon de stimuler l’économie et de maintenir la stabilité. Ils estiment que l’intervention de l’État ne fait qu’entraver la croissance économique en perturbant les mécanismes de marché.

Résumé des deux approches économiques :

Théorie keynésienne Économie de marché

- Accent sur l’intervention de l’État pour corriger les inefficacités des marchés et stimuler la croissance économique

- Privilège de l’autorégulation des marchés et de la règlementation minimale de l’État

- Soutien des politiques macroéconomiques, telles que les dépenses publiques et les taux d’intérêt, pour stimuler la demande globale et éviter les chocs économiques

- Soutien que les politiques macroéconomiques peuvent avoir des conséquences négatives comme l’inflation et l’augmentation de la dette publique

- Accent sur la règlementation et la redistribution pour réduire les inégalités économiques

- Prône la libre entreprise et la règlementation minimale pour stimuler la croissance économique

- Association à des politiques économiques interventionnistes et à des dépenses publiques élevées

- Association à des politiques économiques plus libérales et à des dépenses publiques plus faibles

- Accent sur l’utilisation des politiques budgétaires et monétaires pour aider les économies à sortir des récessions et maintenir la croissance stable

- Prône une intervention minimale de l’État et l’utilisation des mécanismes de marché pour résoudre les problèmes économiques

- Souligne l’importance de la coordination entre les politiques économiques et sociales pour atteindre un développement équitable et durable

- Place la croissance économique au-dessus de toutes les autres considérations

- Association à des politiques économiques plus interventionnistes pour réguler les marchés financiers

- Prône une règlementation minimale et laisse les forces du marché agir librement

Comment la théorie keynésienne explique-t-elle les récessions et les dépressions économiques ?

Selon la théorie keynésienne, les récessions et les dépressions économiques sont causées par une baisse de la demande globale. Lorsque cette dernière est faible, les entreprises réduisent leur production et les chômeurs augmentent, entraînant une récession. Cette baisse peut être causée par différents facteurs, tels que les taux d’intérêt élevés, les incertitudes économiques ou les crises financières.

Celle-ci soutient ainsi que les marchés ne sont pas toujours efficaces pour corriger les récessions et les dépressions économiques. Les entreprises et les consommateurs peuvent perdre confiance et réduire leur consommation et leurs investissements, ce qui entraîne une baisse de la demande globale et une hausse du chômage. Cependant, il estime que l’intervention de l’État est nécessaire pour stimuler la croissance économique et éviter les chocs économiques.

Pour remédier à une récession ou une dépression, la théorie keynésienne propose deux types de politiques macroéconomiques : la politique budgétaire et la politique monétaire.

  • La politique budgétaire consiste à augmenter les dépenses publiques pour stimuler la demande globale.
  • La politique monétaire consiste à utiliser les taux d’intérêt pour influencer l’offre et la demande de crédit, ce qui à son tour affecte les niveaux d’investissement et de consommation.

Quels sont les outils utilisés pour stimuler la croissance économique et éviter les chocs économiques ?

Comme nous l’avons déjà évoqué précédemment, la théorie keynésienne propose deux types de politiques macroéconomiques afin de stimuler la croissance économique et ainsi éviter que des chocs économiques se produisent :

Politique budgétaire Politique monétaire

– Consiste à augmenter les dépenses publiques pour stimuler la demande globale.
– Cela peut être fait en augmentant les dépenses de consommation, telles que les dépenses sociales, ou en augmentant les investissements publics, tels que les infrastructures.
– Cette politique vise à augmenter la consommation et l’investissement, ce qui entraîne une hausse de la demande globale et de la croissance économique.

Consiste à utiliser les taux d’intérêt pour influencer l’offre et la demande de crédit.
– Les taux d’intérêt ont un impact sur l’investissement et la consommation. Des taux d’intérêt bas encouragent l’investissement et la consommation, tandis que des taux d’intérêt élevés les réduisent.
– La politique monétaire peut également être utilisée pour stabiliser les prix en régulant la quantité de monnaie en circulation.

Comment la théorie keynésienne a-t-elle été appliquée dans le passé et quelles ont été les conséquences de cette application ?

La théorie keynésienne a été largement appliquée dans le passé, notamment pendant les années 1930 pour faire face à la Grande Dépression. Les politiques keynésiennes ont été mises en œuvre dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis avec le New Deal de Franklin D. Roosevelt, en Grande-Bretagne avec les politiques de la « guerre contre le chômage » et en France avec les politiques de « Relance » de Léon Blum.

En réponse à la Grande Dépression, les politiques keynésiennes ont été utilisées pour augmenter les dépenses publiques et les investissements, tout en réduisant les taux d'intérêts pour stimuler l'investissement et la consommation. Ces politiques ont conduit à une augmentation de la croissance économique et une réduction du chômage dans de nombreux pays.

Cependant, les politiques enclenchées ont également eu des conséquences négatives. Les déficits budgétaires ont augmenté en raison de l'accroissement des dépenses publiques, ce qui a conduit à un alourdissement de la dette publique. Celles-ci ont aussi été accusées d'avoir créé une inflation élevée dans certains pays, notamment aux États-Unis dans les années 1970.

Qu'en est-il de la théorie keynésienne dans le contexte actuel, y-a-t-il des critiques ou des défenses de la théorie ?

Ce courant économique reste encore très discuté et étudié dans le contexte économique actuel, bien qu’elle ne soit plus aussi dominante qu’elle l’était dans les années 1930 et 1940. Il y a des critiques et des défenses de la théorie keynésienne encore aujourd’hui.

Les détracteurs de cette politique économique soutiennent que les politiques macroéconomiques keynésiennes, telles que les dépenses publiques et les taux d'intérêt, ont des conséquences négatives telles que l'augmentation de la dette publique et l'inflation élevée. Ils prônent plutôt des politiques économiques plus libérales, telles que la réduction des dépenses publiques et les réformes structurelles pour stimuler la croissance économique.

D’autre part, ces défenseurs soutiennent que les politiques keynésiennes peuvent encore être utiles pour lutter contre les récessions économiques et les chocs économiques. Ils maintiennent leur argumentation que les politiques keynésiennes peuvent être adaptées pour répondre aux défis économiques actuels, telles que les inégalités croissantes et les changements climatiques. Ils argumentent que les politiques adoptées auparavant, telles que les dépenses publiques et les taux d'intérêt, peuvent être utilisées pour stimuler la croissance économique, réduire le chômage et améliorer les conditions de vie des personnes les plus vulnérables.

Par ailleurs, il est important de noter que la théorie keynésienne a évolué au fil des ans, et les économistes modernes ont développé des versions plus avancées de cette théorie, comme la « nouvelle macroéconomie keynésienne » qui intègre des idées de la théorie de la croissance endogène et de l'analyse des cycles économiques.

Vous pourrez aussi être intéressé de connaître le fonctionnement des Reaganomics, représentant des politiques économiques mises en place par le gouvernement de Ronald Reagan dans les années 80.

FAQ : Foire aux questions

Quelle est la différence entre l’approche classique et keynésienne ?

L’approche classique et l’approche keynésienne sont deux théories économiques qui diffèrent fondamentalement. Les classiques estiment que le marché s’autorégule, favorisant l’offre et la discipline budgétaire, prônant une intervention gouvernementale minimale. En France, Jean-Baptiste Say est associé à cette approche. À l’inverse, l’approche keynésienne, développée par John Maynard Keynes, soutient que les marchés peuvent échouer, recommandant des mesures de relance, comme les dépenses publiques, pour stimuler l’économie en période de récession. Cette approche a influencé la politique économique française après la Seconde Guerre mondiale.

Qui s’oppose à Keynes ?

En France, et dans le monde entier, plusieurs économistes et écoles de pensée se sont opposés à l’approche keynésienne au fil des ans. Parmi les critiques notables, on trouve les économistes monétaristes comme Milton Friedman, qui ont préconisé une plus grande confiance dans la politique monétaire et une réduction de l’intervention gouvernementale dans l’économie. Les économistes de l’offre, tels que ceux associés à l’École de Chicago, ont également contesté les politiques keynésiennes en mettant l’accent sur la réduction des impôts et la déréglementation pour stimuler la croissance économique.

Quelle est la loi psychologique de Keynes ?

La « loi psychologique fondamentale » de Keynes fait référence à une observation clé de sa théorie économique. Il a noté que les individus ont une propension marginale à consommer (PMC) inférieure à 1, ce qui signifie qu’ils ont tendance à épargner une partie de leur revenu plutôt que de tout dépenser. Cette loi psychologique suggère qu’en période de récession ou de sous-utilisation des ressources, une augmentation des dépenses gouvernementales ou de l’investissement privé peut stimuler l’économie en augmentant la demande globale. Elle a joué un rôle important dans le développement des politiques de relance économique dans de nombreux pays, dont la France.

Vous pourrez aussi être intéressé de connaître le fonctionnement des Reaganomics, représentant des politiques économiques mises en place par le gouvernement de Ronald Reagan dans les années 80.

Résumé

Développée par John Maynard Keynes, économiste britannique, dans les années 1930, la théorie keynésienne soutient que les marchés ne sont pas toujours efficaces pour corriger les récessions et les dépressions économiques. Selon cette théorie, ces crises sont causées par une baisse de la demande globale et peuvent être résolues par une intervention active de l'État via la politique budgétaire (augmentation des dépenses publiques) et la politique monétaire (utilisation des taux d'intérêts pour influencer l'offre et la demande de crédit). Les politiques keynésiennes ont été largement adoptées pour gérer les crises économiques, notamment pendant la Grande Dépression des années 1930. Depuis lors, la théorie keynésienne a été critiquée pour ses conséquences négatives telles que l'augmentation de la dette publique et l'inflation élevée, mais a également été défendue comme étant toujours utile pour lutter contre les récessions économiques et les chocs économiques. Il est important de noter que la théorie keynésienne a évolué au fil des ans, et des versions plus avancées ont été développées pour répondre aux défis économiques actuels.

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