La naissance des Reaganomics
À la fin des années 1970, l'économie américaine a connu une période de stagflation, c'est-à-dire une combinaison de taux d'inflation élevés et de croissance économique faible. Le président Jimmy Carter a adopté des politiques keynésiennes pour tenter de résoudre ces problèmes, notamment en augmentant les dépenses gouvernementales et en augmentant les taux d'intérêt. Ces politiques ont toutefois échoué à réduire l'inflation et à stimuler la croissance économique.
Avec l’arrivée de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis en 1980, un vent nouveau s’est instauré, marquant le début d’une mutation profonde du capitalisme américain. Surnommé le « Gipper », Reagan incarne alors la liberté économique, la politique de l’offre et la lutte contre le « big government » à une époque encore marquée par la Théorie keynésienne, dont les signes d’épuisement se sont fait ressentir grandement : croissance négative, inflation à deux chiffres…
Reagan incarne ainsi la rupture avec l’ancienne politique économique keynésienne et devient l’initiateur d’une révolution conservatrice influençant une génération entière de leaders politiques. Lors de sa campagne, il popularise la théorie de l’économie de l’offre (supply-side economics) : « Il n’y a qu’en réduisant la croissance du secteur public que l’on peut augmenter la croissance de l’économie. » et propose 4 objectifs de politiques économiques :
- Stimuler la croissance économique : Les réductions d'impôts et la dérèglementation étaient destinées à favoriser l'investissement privé et la concurrence, ce qui devait stimuler la croissance économique et créer des emplois.
- Lutter contre l'inflation : Les taux d'intérêt élevés et les politiques fiscales austères étaient censés réduire l'inflation en réduisant la demande globale.
- Réduire le déficit budgétaire : Les réductions de dépenses sociales et la réduction de la taille de l'État devaient réduire les dépenses gouvernementales et aider à réduire le déficit budgétaire.
- Favoriser le libre-échange : Les politiques commerciales de Reagan ont visé à libéraliser les échanges commerciaux en réduisant les barrières commerciales et en négociant des accords commerciaux internationaux.
Quelles sont les composantes des Reaganomics ?
Le gouvernement applique dès l’investiture du président Ronald Reagan une politique économique se basant sur 2 séries de composantes principales :
- Les politiques fiscales : Il comprenait des réductions d'impôts pour les individus et les entreprises, ainsi qu'une réduction de la taille de l'État et des dépenses sociales. Les réductions d'impôts devaient stimuler la croissance économique et favoriser l'investissement privé, tandis que la réduction des dépenses devait aider à réduire le déficit budgétaire.
- Les politiques monétaires : Il comprenait des taux d'intérêt élevés pour lutter contre l'inflation, ainsi que des politiques de dérèglementation pour permettre aux entreprises de fonctionner plus efficacement et de stimuler la concurrence. Ces politiques ont été mises en place pour réduire l'intervention de l'État dans l'économie et promouvoir la croissance économique.
Concernant les politiques monétaires, celles-ci se décomposent également en 2 : une politique budgétaire devenant expansionniste, d’un côté, et d’un autre une politique monétaire restrictive avec un taux monétaire à court terme qui augmente.
Pour ce qui est de la politique monétaire restrictive, celle-ci était alors favorable aux créanciers. On aurait pu penser à une retenue des investissements dès lors, mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, après avoir été freinés dans un premier temps, les investissements sont repartis. Cela a permis aux États-Unis de sortir de la récession économique dès 1982 en dépit de cette politique. Malgré le durcissement de la politique monétaire et de la règle monétaire, les investissements ont fini par repartir grâce à 2 facteurs :
- Facteur 1 – Début de la dérèglementation financière : Les sociétés ont bénéficié de nouvelles formes de crédits octroyés par des institutions financières autres que les établissements bancaires. Cela a permis à des institutions non bancaires d’émerger en proposant alors des produits financiers.
- Facteur 2 – Politique budgétaire expansionniste volontaire : Celle-ci a été conseillée aussi bien parles monétaristes que les économistes de l’offre. À cette période, les dépenses militaires ont augmenté et avec le secteur militaire ayant de forts effets sur le secteur civil, de nombreuses sociétés sont devenues des sous-traitants de l’industrie militaire ; Policy Mix jusqu’en 1987.
Il est important de noter que bien que ces politiques économiques aient été mises en place pour stimuler la croissance de l’économie et réduire l’inflation, celles-ci ont aussi entraîné des conséquences négatives, telles que l’augmentation de la dette nationale et des inégalités économiques.
Quels ont été les résultats des politiques économiques mises en place par Reagan ?
Les résultats des politiques économiques mises en place par le président Reagan dans les années 1980, connues sous le nom de Reaganomics, ont été mitigés et ont suscité des débats parmi les économistes.
Point positifs | Points négatifs |
---|---|
Une croissance économique soutenue dans les années 1980, avec un taux de croissance moyen de 3,5% par an entre 1983 et 1989 |
Une augmentation de la dette nationale, qui est passée de 900 milliards de dollars en 1980 à 2 800 milliards de dollars en 1988 |
Une baisse du taux de chômage, qui est passé de 7,5% en 1982 à 5,3% en 1989 |
L’inégalité économique qui s'est accrue, en particulier en ce qui concerne les revenus des ménages |
Une augmentation de la productivité, qui est un indicateur clé de la croissance économique à long terme |
Les réductions d'impôts ont principalement profité aux personnes les plus riches, ce qui a entraîné une augmentation des inégalités économiques. |
Une amélioration de la confiance des consommateurs et des entreprises, grâce aux réductions d'impôts et aux politiques de dérèglementation qui ont favorisé l'investissement privé et la croissance économique |
Les politiques de libre-échange ont augmenté les importations et réduit les exportations, ce qui a entraîné un déficit commercial croissant pour les États-Unis |
Une augmentation de l'investissement en capital, en raison des réductions d'impôts qui ont incité les entreprises à investir dans l'équipement et les bâtiments. |
Les réductions de dépenses sociales ont eu un impact négatif sur les personnes les plus vulnérables, en réduisant les prestations de soutien social et en augmentant la pauvreté |
Une augmentation de l'épargne des ménages, grâce aux réductions d'impôts qui ont augmenté les revenus disponibles |
Les politiques de dérèglementation ont eu un impact négatif sur l'environnement, en réduisant les contrôles et les normes environnementaux et en favorisant les activités polluantes |
Une amélioration de la balance commerciale des États-Unis, grâce aux politiques de libre-échange qui ont réduit les barrières commerciales et négocié des accords commerciaux internationaux |
|
Une réduction de l'inflation, grâce aux politiques monétaires qui ont augmenté les taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation |
Illustrations chiffrées des résultats des Reaganomics
Points positifs : | Chiffres/Pourcentages | Période |
---|---|---|
Croissance économique | +3,5 % en moyenne par an | 1983 – 1989 |
Baisse du taux de chômage | 7,5 % → 5,3 % | 1982 – 1989 |
Augmentation de la productivité |
+2,5 % par an en moyenne (augmentation de 20 %) |
1983 – 1989 |
Augmentation de l’investissement en capital |
+7,8 % par an en moyenne (augmentation de 63 % sur la période pour les dépenses en immobilisation) |
1983 – 1989 |
Augmentation de l’épargne des ménages | 3,1 % → 7,9 % | 1981 – 1989 |
Réduction de l’inflation | 13,5 % → 4,1 % | 1980 – 1984 |
Baisse des taux d’imposition |
70 % → 28 % (taux d’imposition marginal sur les revenus les plus élevés) |
1980 – 1988 |
Amélioration de la balance des paiements |
2,3 % du PIB → 0,5 % (déficit courant sur la balance des paiements) |
1981 – 1989 |
Augmentation des exportations |
+6,2 % en moyenne par an (augmentation de 54 % sur la période) |
1983 – 1989 |
Points négatifs : | Chiffres/Pourcentages | Période |
---|---|---|
Augmentation de la dette nationale | 211 % (900 milliards de dollars à 2 800 milliards de dollars) |
1980 – 1988 |
Inégalité économique | Indice de Gini mesurant l’égalité des revenus 0,39 → 0,45 |
1980 – 1989 |
Impact sur les personnes les plus vulnérables | Réduction des dépenses sociales de 6 % en moyenne par an | 1981 – 1989 |
Augmentation de la dette nationale par rapport au PIB | 31 % → 42 % | 1981 – 1989 |
Augmentation de la part des dépenses militaires | +6 % par an en moyenne 4,5 % du PIB → 6,2 % |
1981 – 1989 |
Augmentation de la pauvreté | Taux de pauvreté 13 % → 15,2 % |
1979 – 1983 |
FAQ : Foire aux questions
Qui a succédé à Reagan ?
Ronald Reagan a été succédé par son vice-président, George H. W. Bush. Les Reaganomics, également connues sous le nom de politique de l’offre, étaient une série de politiques économiques mises en place sous la présidence de Reagan dans les années 1980. Ces politiques comprenaient des réductions d’impôts importantes, une déréglementation de certaines industries et une augmentation des dépenses militaires. L’objectif était de stimuler la croissance économique en encourageant l’investissement privé. Bien que controversées, les Reaganomics ont été créditées par certains de la relance économique de cette période.
Quel est le salaire d’un président américain ?
Le salaire annuel d’un président des États-Unis est fixé par la loi. En 2021, le salaire du président américain était de 400 000 dollars par an. De plus, le président bénéficie d’autres avantages, tels que le logement à la Maison-Blanche, un budget de dépenses officielles et des voyages officiels pris en charge par le gouvernement fédéral. Il est important de noter que les revenus d’un président peuvent provenir de sources autres que son salaire présidentiel, tels que des investissements ou des droits d’auteur sur des livres écrits après son mandat.
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