Les parties prenantes d’une gouvernance off-chain
La gouvernance off-chain repose sur le même principe que la politique dans le monde existant. En effet, de nombreux groupes d’intérêt tentent de contrôler la blockchain par l’intermédiaire d’une série de jeux de coordination dans lesquels ils essayent de convaincre les autres de soutenir leur camp. Contrairement à la gouvernance on-chain basée sur le code de programmation, aucun code ne lie ces groupes à des comportements spécifiques, mais ils choisissent plutôt ce qui est dans leur meilleur intérêt compte tenu des préférences connues des autres parties prenantes. Il y a une raison pour laquelle la technologie blockchain et la théorie des jeux sont grandement liées entre elles. Pour le comprendre, il est important de connaître les principales parties prenantes d’une blockchain et ce qu’elles veulent :
Les opérateurs de nœuds
Ce sont ceux qui gèrent les nœuds de protocole. En exécutant le logiciel de base, ils contribuent alors à la répartition de la quantité d’efforts nécessaires pour la vérification du travail des mineurs et font en sorte que celui-ci soit conforme aux règles de consensus. Les opérateurs de nœuds souhaitent avant tout s’assurer du respect des règles du réseau et que toutes les transactions individuelles envoyées ou reçues soient valides. Dans le mécanisme de consensus PoW (proof-of-work) ou preuve de travail, par exemple, il n’y a aucune incitation monétaire pour la gestion d’un nœud.
Les développeurs du noyau
Ce sont les ingénieurs logiciels maintenant et mettant à jour la base de code du protocole. Ils ont un grand pouvoir en matière de mises à jour du protocole puisque ce sont eux qui écrivent le code réel. Ces développeurs ont principalement deux préoccupations : l’augmentation du prix de l’actif sous-jacent (cryptomonnaie) et que la blockchain sur laquelle ils travaillent soit utilisée. Mais il faut dire que ces deux préoccupations peuvent parfois être en opposition l’une de l’autre dans la mesure où le fait de rester conservateur contribue à soutenir le prix.
Les mineurs
Ce sont les entités chargées de sécuriser la chaîne de blocs avec la puissance de hachage. Dans les blockchains utilisant le mécanisme de consensus PoW, ils ont une influence vraiment démesurée, et ne se préoccupent que d’une seule chose qui est leurs profits. Ils gagnent en effet des revenus grâce à l’extraction de nouveaux blocs et en vérifiant les transactions – plus il y en a, plus ils peuvent gagner des revenus potentiels en la desservant. Les incitations sont devenues plus prononcées quand de nombreux protocoles ont commencé à explorer de nouvelles solutions. Les mineurs ne souhaitent pas que le gonflement des transactions passe à une seconde couche puisque cela signifie probablement moins de frais et donc moins de profit pour eux.
Les entreprises
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises tirent parti des protocoles de chaînes de blocs afin de créer de la valeur à une deuxième couche. Coinbase, par exemple, a une bourse construite sur les protocoles Bitcoin, Ethereum et Litecoin. L’entreprise crée de la valeur en donnant aux gens un accès facile à ces protocoles. Comme les mineurs, les sociétés souhaitent gagner de l’argent et elles soutiendront toute mesure leur permettant de gagner de l’argent et désapprouvant toute mesure pouvant nuire à leur potentiel de revenus.
Les utilisateurs
Les utilisateurs utilisent le protocole de base pour répondre à une demande non satisfaite. De nombreux utilisateurs de bitcoin achètent des BTC afin de se protéger d’une monnaie inflationniste. Les utilisateurs d’Ethereum, quant à eux, achètent de l’ETH pour accéder à des services financiers décentralisés spécifiques. Ils souhaitent être en mesure d’utiliser ces plateformes avec le moins de coûts et de frictions possible.
Le fonctionnement de la gouvernance off-chain
Les parties prenantes se coordonnent et prennent des décisions « hors chaîne ». Comme pour la gouvernance on-chain, les mises à jour du protocole sont soumises par les développeurs du noyau via des propositions d’amélioration formelles. Pour les blockchains Bitcoin et Ethereum, qui utilisent toutes les deux la gouvernance off-chain, ces propositions se font via le BIP pour le Bitcoin – Bitcoin Improvement Proposals, et EIP pour Ethereum – Ethereum Improvement Proposals, soumises au dépôt officiel de chaque projet qui est généralement hébergé sur Microsoft/GitHub.
Les parties prenantes signalent leur approbation ou désapprobation concernant une proposition d’amélioration par l’intermédiaire de discussions communautaires ou privées. Puis les développeurs du noyau ont une idée de l’accord ou non des opérateurs de nœuds et des mineurs afin de mettre à jour le logiciel. Dans l’idéal, toutes les parties sont d’accord et les modifications du code se font en douceur. Tout est annoncé à l’avance et les parties prenantes ont le temps de se mettre à jour. Dans le cas de désaccord, elles ont deux options. La première option, elles peuvent essayer de convaincre les autres parties d’agir en faveur de leur camp. La seconde option, c’est-à-dire si elles ne parviennent pas à un consensus, elles ont la possibilité de forcer le protocole et de conserver ou de modifier les fonctionnalités qu’elles jugent nécessaires. Si cela se produit, on assiste à ce que l’on appelle un « fork » qui est la scission de la blockchain en deux. Les deux blockchains doivent se battre pour la marque, les utilisateurs, l’esprit des développeurs ainsi que la puissance de hachage.
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