Qu’est-ce qu’une CBDC ?

Les CBDC se présentent comme des monnaies numériques sous forme de jetons de la même manière que les cryptomonnaies, mais celles-ci sont centralisées, c’est à tire qu’elles sont émises par des banques centrales avec une indexation sur la valeur de la monnaie fiduciaire de chacune d’entre elles. Si on fait l’analogie avec les cryptos, elles sont en quelque sorte des stablecoins. De plus en plus de pays développent leurs propres monnaies numériques CBDC surtout depuis la pandémie de Covid-19 à travers le monde. En effet, si la monnaie physique reste largement utilisée, certains pays développés ont vu une diminution significative de son utilisation avec une tendance qui s’est accélérée durant les périodes de confinement liées au coronavirus.

C’est grâce à la technologie que les gouvernements et les institutions financières ont pu compléter l’offre de la monnaie fiduciaire physique par un modèle numérique qui se base sur le crédit dans lequel les soldes et les diverses transactions sont enregistrés numériquement. C’est comme un grand livre de comptes où tout est inscrit à la manière de la blockchain dans le domaine de la finance décentralisée. L’introduction et l’évolution de la cryptomonnaie ainsi que de la blockchain ont suscité un intérêt accru pour les entreprises sans numéraire. C’est ainsi que les banques centrales se sont mises à explorer la possibilité d’utiliser des monnaies numériques soutenues par le gouvernement – c’est là que sont nées les CBDC.

Dans plusieurs pays du monde, développés comme en voie de développement, ils sont nombreux à ne pas avoir accès aux services financiers. Outre-Atlantique par exemple, 5 % des adultes n’ont pas de compte bancaire tandis que 13 % disposent d’un compte, mais utilisent des services alternatifs onéreux, comme les prêts sur salaire, les mandats et les services d’encaissement de chèques. Les CBDC ont pour objectif principal d’assurer la sécurité financière couplée à la confidentialité, à la transférabilité ainsi qu’à l’accessibilité et à la commodité pour les consommateurs comme les entreprises. Grâce aux monnaies numériques des banques centrales, il est possible de réduire la maintenance requise par un système financier complexe ainsi que les coûts des transactions transfrontalières tout en offrant à ceux utilisant des méthodes alternatives de transfert d’argent des options à coût plus avantageux.

Ces monnaies pourraient également réduire les risques liés à l’utilisation des monnaies virtuelles actuelles : les cryptomonnaies comme le Bitcoin et l’Ether. En effet, celles-ci sont très volatiles avec une valeur qui fluctue constamment. Cette volatilité peut entraîner de graves tensions financières chez les particuliers tout en affectant la stabilité globale d’une économie. Puisque les CBDC sont soutenues par les gouvernements, elles sont contrôlées par une banque centrale ce qui permet de fournir à la population un moyen stable d’échanger de la monnaie numérique.

Les monnaies numériques de banque centrale sont divisées en deux catégories qui sont les CBDC de gros (wholesale) et les CBDC de détail (retail). Les modèles wholesale sont principalement utilisés par les institutions financières, tandis que les modèles retail sont destinés aux consommateurs et aux entreprises tout comme les formes physiques de monnaie.

Les monnaies numériques de banque centrale ne sont aujourd’hui qu’à un stade de développement partout dans le monde. La Réserve fédérale américaine par exemple a émis un rapport dans lequel elle relate des problèmes critiques auxquels les CBDC sont confrontées ainsi que sur des problèmes devant être résolus avant une conception et une mise en œuvre réussies :

Les CBDC devront alors répondre à différents critères pour répondre aux problèmes critiques des monnaies fiduciaires : inclusion financière, amélioration des paiements transfrontaliers, libre de risque de liquidité et de crédit, soutien le rôle international du dollar et élargissement de l’accès au grand public.

D’un autre côté, d’autres problèmes sont à résoudre avant que les CBDC ne soient développées : la stabilité du système financier, la confidentialité et la protection des informations personnelles, la modification de la structure financière ainsi que l’influence de la politique monétaire. La cybersécurité reste également la plus grande crainte des gouvernements à l’issue des monnaies numériques de banque centrale.

Ce que l’écosystème des cryptomonnaies propose, c’est un système monétaire alternatif du système financier centralisé dans lequel des règlementations pouvant être plus ou moins lourdes conditionnent chaque transaction financière. Les cryptoactifs en général sont difficiles à dupliquer voire à contrefaire offrant alors une meilleure sécurité grâce à des mécanismes de consensus empêchant toute falsification. Les CBDC sont conçues pour être similaires aux cryptomonnaies sans pour autant nécessiter une technologie de blockchain ni un mécanisme de consensus dans la mesure où c’est la banque centrale qui assure la sécurité des transactions.

La valeur des cryptomonnaies diffèrera par ailleurs de celle des monnaies numériques de banque centrale dans la mesure où celle-ci est dictée par les sentiments des investisseurs, d’un côté, et de l’autre l’utilisation et l’intérêt portés par les utilisateurs. Leur volatilité est ainsi importante faisant d’elles des actifs plus adaptés à la spéculation, ce qui en fait des candidats peu probables à l’utilisation dans un écosystème financier ayant besoin de stabilité – il est vrai que le Bitcoin reste volatil, mais elle a l’avantage de résister à l’inflation. Les CBDC quant à elles reflètent la valeur de la monnaie fiduciaire à laquelle elles sont adossées comme les stablecoins.

En janvier 2020, 6 grandes banques centrales, dont la Banque Nationale Suisse, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque des règlements internationaux ont mis en place un groupe de recherche conjoint dans le développement de monnaies numériques de banque centrale. La Réserve Fédérale américaine les a rejointes plus tard. En mars 2022, le président américain Joe Biden a signé un décret exécutif qui ordonnait à diverses agences gouvernementales de mettre en place des propositions politiques et des cadres de renforcement de la règlementation ainsi que du développement responsable des monnaies numériques. Cela comprend une évaluation de l’infrastructure nécessaire requise pour l’émission d’une CBDC américaine.

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