Les « subprimes » et la bulle spéculative
Le terme « subprimes » fait référence à des prêts immobiliers accordés par les banques américaines aux particuliers ayant de faibles revenus. Au début des années 2000, elles ont massivement accordé des prêts immobiliers avec le soutien du gouvernement, voyant dans la frénésie des constructions immobilières un excellent moyen pour la dynamisation de l’économie à court terme. La population a ainsi mis les bouchées doubles dans l’immobilier en achetant de plus en plus de maisons puisque le crédit était bon marché. Cela a ainsi entraîné l’augmentation du prix de l’immobilier. La demande est devenue tellement importante que l’offre ne pouvait plus suivre. Dans ce contexte d’une demande croissante de logements, ceux-ci sont alors devenus plus rares et par conséquent plus onéreux.
Plus les prix de l’immobilier ont augmenté, plus les particuliers s’endettaient afin d’acheter des maisons de plus en plus chères. Ce mécanisme de hausse de prix alimentée par un crédit facile s’est rapidement transformé en bulle spéculative. L’endettement est facilité par une forme de crédit appelée « recharge hypothécaire » permettant un réendettement au fur et à mesure que les prix de l’immobilier augmentent, servant alors de support à l’hypothèque.
Les banques ont eu recours à des produits financiers complexes pour pouvoir accorder des crédits aux ménages américains très modestes tout en respectant la règlementation. Cela a masqué en partie la véritable nature des risques pris dans les opérations.
L’augmentation des taux directeurs et la chute des prix de l’immobilier
À partir de 2005, la FED (Réserve fédérale américaine – l’équivalent de la banque centrale européenne), a augmenté ses taux directeurs et cette hausse a renchéri le coût du remboursement des prêts s’accompagnant alors d’un taux de 15 % de ces crédits en 2007. En augmentant les taux auxquels elle prête aux banques, la FED cherche alors à provoquer une hausse des taux d’intérêt dans l’économie. Avec des intérêts beaucoup plus coûteux à rembourser, les demandes de crédit sont censées faiblir.
À partir de 2007, pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’immobilier américain a connu une baisse de prix. En effet, certains clients n’ont pas pu assurer le paiement de leurs mensualités à cause de la hausse des taux d’intérêt entraînant un renchérissement des crédits occasionnant alors des pertes pour les établissements bancaires prêteurs. Cela a alors provoqué la saisie des logements concernés qui ont été vendus aux enchères, et rapidement la chute des prix de l’immobilier déstabilisant une grande partie de l’économie américaine. Cette baisse non anticipée a par ailleurs entraîné la faillite de nombreux organismes de crédit ayant délivré des subprimes ainsi que des fonds d’investissement ayant spéculé sur ces mêmes prêts hypothécaires à risque. Le 15 septembre 2018, la banque Lehman Brothers a fait faillite entraînant alors une panique du même acabit que le jeudi 24 octobre 1929 plus connu sous le nom de krach de 1929.
Une contagion mondiale
Les États-Unis ont un poids non négligeable dans l’économie mondiale. Et les principaux pays développés ont une très forte interdépendance bancaire, financière et commerciale. Rapidement, le reste du monde est impacté.
Au-delà de la chaîne des effets directs, tels que l’insolvabilité des emprunteurs, la faillite des sociétés de crédit ou encore les pertes de la part des grandes banques, l’essentiel des effets de la crise des subprimes est indirect. Les acteurs économiques mondiaux ont été touchés de plein fouet en raison de la titrisation de créances : opération par laquelle les banques revendent leurs créances sur des marchés spécialisés souvent groupés avec d’autres valeurs ; ce qui leur permet de se refinancer et de réduire leur risque reporté sur les investisseurs achetant les créances. Ensuite, les fonds d’investissement ayant acheté les créances titrisées des banques se sont retrouvés en faillite à cause de la chute de la valeur de leurs actifs. Et par la suite, les banques qui finançaient les fonds d’investissement ayant fait faillite ont refusé de se prêter de l’argent par peur de détenir des liquidités « toxiques ». La communauté financière internationale s’est rendue compte que tout le système bancaire supportait des risques de crédits puisque ces créances titrisées s’étaient retrouvées dans certaines SICAV monétaires jugées sans risque ainsi que des OPCVM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières).
Les politiques entreprises face à la crise des subprimes
Afin d’enrayer la crise qui s’était répandue de part et d’autre de la planète, les banques centrales ont été obligées d’injecter davantage de monnaies dans l’économie. Quant aux États, ils ont augmenté leurs dépenses pour atténuer les effets de cette crise économique mondiale, dont le chômage. L’outil utilisé par les banques centrales est appelé « assouplissement quantitatif ». Pour injecter de la monnaie dans l’économie et la soutenir, elles ont créé plus de monnaie pour acheter des titres à de nombreuses institutions financières, comme des obligations. En parallèle, les gouvernements ont utilisé des politiques de soutien à l’économie, dont des politiques budgétaires, mais les résultats ont contrasté. En effet, elles ont permis aux États-Unis de revoir leur économie rebondir tandis qu’en Europe, celles-ci n’ont malheureusement pas suffi à éviter une autre crise qui est celle des dettes publiques dans la zone euro.
FAQ : Foire aux questions
Qu’est-ce que veut dire subprime ?
Le terme « subprime » se réfère à des prêts hypothécaires accordés à des emprunteurs considérés comme moins solvables en raison de leur mauvais historique de crédit. Ces prêts sont souvent assortis de taux d’intérêt plus élevés pour compenser le risque accru pour les prêteurs.
Quelles ont été les conséquences de la crise des subprimes ?
La crise des subprimes, survenue principalement aux États-Unis en 2008, a eu des répercussions mondiales. Elle a entraîné une crise financière majeure, des faillites bancaires, des saisies immobilières massives, une chute des marchés boursiers mondiaux et une récession économique mondiale. Les conséquences ont été dévastatrices pour de nombreuses familles et ont nécessité des mesures gouvernementales massives pour stabiliser les marchés.
Qui est responsable de la crise de 2008 ?
La crise de 2008 a été le résultat de multiples facteurs. Les prêts subprimes à risque excessif, les produits financiers complexes liés à ces prêts, la spéculation excessive sur l’immobilier, la déréglementation du secteur financier et la mauvaise gestion des risques par certaines institutions financières ont contribué à son déclenchement. Aucun acteur unique n’est responsable, mais plutôt une combinaison de facteurs et de décisions à différents niveaux.
Qui avait prédit la crise de 2008 ?
Plusieurs économistes, experts financiers et analystes avaient émis des avertissements avant la crise de 2008. Parmi eux, Nouriel Roubini, professeur d’économie à l’Université de New York, a été particulièrement remarqué pour avoir prédit la crise en se basant sur une analyse approfondie des vulnérabilités du marché immobilier et financier. Ses avertissements ont été largement entendus après le déclenchement de la crise.
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